Comment les entreprises intelligentes gagnent en combinant des outils de secteurs différents
McDonald’s s’inspirant des pratiques bancaires ? Aussi improbable que cela puisse paraître, la firme au M s’est effectivement penchée dans les années 1970 sur les “drive-in bancaires”, où les clients retirent de l’argent sans quitter leur voiture. L’idée : pourquoi ne pas commander un burger de la même façon ? Aujourd’hui, on connaît le succès de la méthode, puisque 70% de leurs ventes passent désormais par le drive. Cette stratégie, emprunter une idée d’un secteur totalement différent pour résoudre ses propres défis, est devenue un motif récurrent chez les entreprises qui bousculent leur marché.
Les mécanismes bancaires réinventés dans la crypto
Si vous détenez des bitcoins sur Binance ou Coinbase, vous avez sûrement remarqué ces offres alléchantes : “Gagnez 5 à 10% par an sur vos BTC dormants !” Mais vous êtes-vous demandé comment ces plateformes d’échange peuvent vous payer alors que votre banque offre péniblement 1% ? La réponse tient dans un mécanisme vieux comme la finance : le fameux “prêt de titres” des banques traditionnelles.
Prenons Marie qui détient 2 bitcoins depuis quelque temps. Elle ne compte pas les vendre avant 2030, mais ils dorment sur son compte. Elle découvre l’option “Earn” : en quelques clics, elle prête ses BTC à la plateforme. Binance les utilise pour des traders qui négocient des options sur bitcoin et autres instruments dérivés, qui permettent de parier à la baisse ou à la hausse sans détenir la totalité des BTC (ils déposent juste une fraction appelée “collatéral” ou garantie).
De son côté, pour la rémunérer de ce prêt, Marie touche des intérêts payés quotidiennement pour l’utilisation de ses cryptos. Avec un taux moyen de 5% par an, après 5 ans, ses 2 bitcoins sont devenus 2,55 bitcoins sans forcément lever le petit doigt. Tout le monde y gagne :
- Marie fait fructifier son épargne avec des taux impensables sur des placements traditionnels,
- Les traders actifs accèdent aux bitcoins dont ils ont besoin pour leurs stratégies de marge,
- Binance prélève sa commission.
C’est le même modèle gagnant-gagnant que les banques utilisent depuis un siècle, simplement transposé dans un univers où tout se fait en trois clics.
L’organisation des urgences inspirée des fast-foods
Vous êtes déjà resté quatre heures aux urgences pour une entorse ? Les hôpitaux, sous contrat avec l’État le plus souvent, aussi trouvent ce genre d’engorgement insupportable. Ce problème des urgences hospitalières est bien documenté. Leur solution peut surprendre, elle vient des chaînes de restauration rapide.
L’idée centrale est que les chaînes de fast-food ne traitent pas tous les clients de la même façon. Commande simple ? Caisse rapide. Menu complexe ? Borne dédiée. Grande commande ? On vous fait patienter côté.
De nombreux hôpitaux ont créé des systèmes similaires avec trois “lignes” comme au fast-food :
- Ligne verte : bobologie (coupures, entorses légères). Objectif 30 minutes max
- Ligne orange : urgences modérées (fractures simples, migraines sévères). Objectif 2 heures
- Ligne rouge : urgences vitales. Prise en charge immédiate
Chaque ligne a son équipe dédiée, exactement comme les fast-foods séparent cuisine et service. Le principe du “timer” visible transforme aussi la dynamique. Inspiré des écrans qui affichent les temps d’attente, certains hôpitaux installent des affichages similaires. Cette simple transparence peut réduire significativement l’anxiété, car les patients savent à quoi s’attendre.
Le marketing sportif appliqué aux ressources humaines
Vous trouvez les entretiens d’embauche stressants, artificiels, inutilement chronophages avec leurs “rounds” d’entretiens ? Rassurez-vous, les entreprises aussi ! C’est pourquoi certaines transforment leur recrutement en événement sportif, façon draft NBA.
Pour ceux qui ne connaissent pas, la draft NBA est un événement annuel où chaque équipe sélectionne à tour de rôle un joueur. Les équipes disposent de deux choix répartis sur deux tours, et l’événement est devenu un spectacle à lui seul. Des entreprises s’en inspirent pour révolutionner leur recrutement.
Deloitte a été pionnier avec son approche gamifiée du recrutement. Ils ont créé “Firefly Freedom”, un jeu de 20 à 30 minutes où les candidats prennent des décisions qui révèlent leur façon de penser. 3000 points de données sont collectés pendant le jeu. Sur ce modèle, PwC Hongrie a créé son “Multipoly”, un défi business en équipe, et a vu une augmentation des candidatures avec des embauches de meilleure qualité.
Le format casse les codes traditionnels. Au lieu de 50 entretiens individuels étalés sur 3 mois, les entreprises rassemblent tous les candidats présélectionnés. Le matin : challenges en équipe filmés en direct. L’après-midi : pitchs individuels devant tous les managers. Les candidats ne sont plus “acceptés”, ils sont “choisis”. Toute une différence psychologique.
Conclusion
Ces exemples montrent une vérité finalement assez simple, évidente : l’innovation consiste souvent à regarder ce qui marche ailleurs. Que ce soit Binance qui copie les banques, des commerces locaux qui s’inspirent des compagnies aériennes, des hôpitaux qui imitent les fast-foods, ou des entreprises qui empruntent au sport, etc. Le génie réside très souvent dans la transposition intelligente. Dans notre monde cloisonné, ceux qui osent franchir les frontières entre secteurs découvrent des trésors d’efficacité.
